La lanterne fringante
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 Pour une femme incertaine

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2 participants
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Mailine
Succube enluminée
Mailine


Nombre de messages : 532
Date de naissance : 11/02/1991
Age : 33
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MessageSujet: Pour une femme incertaine   Pour une femme incertaine EmptyLun 18 Jan - 14:51

Un petit texte, parce que ça fait longtemps.



Jules aimait la pluie qui tombe en rafale. Il aimait voir les gouttes d’eau, sans jamais savoir où elles allaient tomber, où elles allaient s’affaler. Jules aimait l’incertitude, Jules aimait le doute. Celui qui vous ronge le bas du ventre, celui qui vous fait froid dans le dos. Celui qui allait jusqu’à vous faire vomir. Ce doute qui a un tout petit nom et un grand poids. Ce doute qui s’enfonce dans vos sourcils, qui les affaisse, qui vous bouffe les yeux. Qui vous ronge tout entier. Jules aimait ça. L’incertitude, les sueurs glacées, l’effroi.

Ce doute, ce n’est même pas de la peur. Ce doute, c’est une lueur au bout du nez. Ce n’est même pas un trou noir, c’est un ouragan où chaque souffle de vent vous caresse les cheveux et le visage. Un ouragan où chaque feuille qui tombe est un tremblement de terre. Où chaque pavé est un labyrinthe.

Alors Jules doutait et regardait les gouttes tomber. Une sur les yeux, une sur le nez, une autre sur le lacet. Une sur le bout de la cigarette, une autre dans l’oreille. Et Jules doutait, de ce doute si grand et si beau que rien ne faisait peur. Rien, ni l’ouragan, ni le tremblement de terre. Absolument rien.

Et Jules fermait les yeux. Et Jules se désintègrait.

- Vous avez du feu ?

Et Jules ne répondait pas. Il tendait son briquet, il tendait le bout de son nez. Il attendait de voir. Il attendait de savoir si elle prendrait le briquet de la main gauche, de la main droite. Si elle soufflerait la fumée par le nez, ou du coin des lèvres. Il attendait de voir si ça ferait du bruit, si ce serait silencieux. Si ses cheveux s’emmêleraient, si une goutte de pluie tomberait sur le bout de sa cigarette. Si elle soupirerait. Si elle en rirait. Jules doutait, mais il n’avait pas peur.

Pas peur de la main qui le frôle, pas peur de ces yeux si grands qu’un ouragan avait un jour soulevé. Pas même peur de la mèche blonde qui lui balayait le visage.

Alors, Jules l’embrassa. Et il regardait la surprise dans le fond de ses yeux, comme une goutte de pluie qui fait déborder la rivière. Il voyait sa machoire se contracter, son nez se busquer. Ses sourcils se froncer.

Et il ne disait rien, jamais. Jamais.

- Tu m’aimes, Jules ?

Jules ne savait pas. Il voyait le grain de sa peau se tendre sous ses doigts. Ses pupilles s’agrandir en même temps que les siennes. Jules n’avait pas peur. Pas peur d’aimer une femme si belle qu’elle pourrait partir au bout du monde, entraînant sur son chemin mille hommes blessés, mille ouragans et mille tremblements de terre. Pas peur de la terre qui s’ouvrait sous ses pas. Pas peur de la larme qui courrait du coin de son oeil, pas peur de ces yeux si bleus, encore moins de ces cheveux blonds qui faisait fâner tous les champs de blés.

Alors Jules l’aima. Pour une seconde ou pour toute une vie. Pour la douceur de sa main contre la sienne. Pour l’incertitude. Pour son départ ou son arrivée. Pour la boule au creux de son ventre. Et pour tout le reste.

Jules regardait les gouttes tomber. Il ferma les yeux.

Pour le doute. Comme un café raté ou une cigarette brûlée. Comme la fumée qui vous pique les yeux. Comme l’ébauche d’un sourire.

Une seconde ou toute une vie.

Pour l’incertitude, mais surtout, pour une femme incertaine.
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La Halfeline
Prophète de Lilith
La Halfeline


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MessageSujet: Re: Pour une femme incertaine   Pour une femme incertaine EmptyVen 25 Jan - 23:53

Très joli petit bout d'histoire, mais honnêtement que pourrais-je dire d'autre après l'un de tes textes, Mailine ?

J'ai l'impression que je vais ressortir les bons vieux commentaires habituels, mais ce n'est quand même pas de ma faute si tu as un style aussi affiné et affirmé, qui fait qu'on reconnaîtrait "un Mailine" entre mille ! C'est joli, poétique, enlevé, toujours doux-amer, et surtout étonnamment ébranlant pour une telle simplicité apparente. Avec une petite phrase qui n'a l'air de rien, à l'allure même enfantine, tu nous fais basculer dans une perspective sans fond, et dans laquelle on hésite même à se laisser tomber (enfin, en ce qui me concerne...).

J'aime la goutte d'eau qui tombe sur la cigarette, qui nous plante un homme par sa propre apparition, en fait de l'enfant sur lequel on serait tenté de partir (en tout cas pour ma part, là encore...

Je me permettrai de corriger "faner" sans "â". Et si je dois vraiment formuler une petite critique (j'essaie de m'y contraindre histoire de me donner l'impression de servir à autre chose qu'au Mailine-worship, qui doit peut-être commencer à te lasser), je dirais simplement que je trouve l'image des champs de blé un peu éculée, et que je suis bien certaine que tu pourrais nous trouver à la fois beaucoup plus incongru et donc beaucoup plus fort que ça.

En revanche, ces petites phrases qui suivent atteignent profondément, sans qu'on sache au juste où ni par quel chemin. Mais elle nous laisse avec l'in-quiétude inexplicablement douce propre à tes textes.
Alors une fois de plus merci pour cette émotion si particulière.
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Mailine
Succube enluminée
Mailine


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MessageSujet: Re: Pour une femme incertaine   Pour une femme incertaine EmptySam 26 Jan - 0:47

Citation :
Très joli petit bout d'histoire, mais honnêtement que pourrais-je dire d'autre après l'un de tes textes, Mailine ?

Tu vas me faire rougir ! Pour le coup, je l'ai relu, parce que ça faisait un bon moment quand même ! Quand j'y pense, j'en ai peut-être d'autres sur mon ordinateur, mais je dois avouer que ça fait un bon moment que je n'ai plus posté ! (Gloire aux lanterneuses encore vivantes !)

Citation :
C'est joli, poétique, enlevé, toujours doux-amer, et surtout étonnamment ébranlant pour une telle simplicité apparente. Avec une petite phrase qui n'a l'air de rien, à l'allure même enfantine, tu nous fais basculer dans une perspective sans fond, et dans laquelle on hésite même à se laisser tomber (enfin, en ce qui me concerne...).

C'est que moi, je tombe. Je fais l'apologie de ce qui n'a l'air de rien. C'est toute ma vie. Un sourire, un pavé, une merlette ou autre chose. Et pourquoi pas une chanson de Brel en plein Bruxelles ? C'est qu'il n'y a pas d'heure pour l'incongru !

Citation :
J'aime la goutte d'eau qui tombe sur la cigarette, qui nous plante un homme par sa propre apparition, en fait de l'enfant sur lequel on serait tenté de partir (en tout cas pour ma part, là encore...)

J'aime toujours beaucoup tes reviews et tes lectures, parce qu'elles me font voir mes textes sous un angle que je n'avais pas aperçu.

Citation :
Et si je dois vraiment formuler une petite critique (j'essaie de m'y contraindre histoire de me donner l'impression de servir à autre chose qu'au Mailine-worship, qui doit peut-être commencer à te lasser), je dirais simplement que je trouve l'image des champs de blé un peu éculée, et que je suis bien certaine que tu pourrais nous trouver à la fois beaucoup plus incongru et donc beaucoup plus fort que ça.

(Ah, mais je ne m'en lasse pas ! Je ne fais que rougir de plus belle !)

Pour vos beaux yeux, ma chère, je ferai apparaître,
Bien plus qu'un champ de blé, la lune et le soleil,
Je vous décrirai les mille merveilles de la terre,
Je laisserai parler à ma place l'hirondelle.

Je laisserai parler les remous du ruisseau,
La nuit noire et ses lueurs, l'aube qui s'éteint,
J'allumerai en vous l'étincelle d'un jour nouveau,
Et la tendresse, qui ne connait jamais de fin.

Que ne vienne jamais cet instant tant redouté,
Où la pâle aurore emportera mon regard,
Car il existe tant de mondes que je voudrais voir,
Pour les chérir en mon coeur, et vous les montrer.

La vie n'est pas de certitudes, ma tendre amie,
Mais de quelques vers, d'espoirs et surtout d'envies.

Citation :
Alors une fois de plus merci pour cette émotion si particulière.

Surtout, surtout, merci de le ressentir. Vraiment.
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