La lanterne fringante
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 "Le secret du bonheur..."

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Ruika
Lilitu à la lanterne
Ruika


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MessageSujet: "Le secret du bonheur..."   "Le secret du bonheur..." EmptyLun 9 Fév - 1:14

"Le secret du bonheur en amour, ce n'est pas d'être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il le faut."

Simone Signoret

Quoi ? Je n'allais pas donner un thème de Saint-Valentin sirupeux à la Saint-Exupéry ! Soyez originales et surtout, dîtes nous tout Salut
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Latitefraisedesbois
Eblouissante jouisseuse
Latitefraisedesbois


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MessageSujet: Re: "Le secret du bonheur..."   "Le secret du bonheur..." EmptySam 28 Fév - 13:34

J'étais fort inspirée...Voilà! ^^

___________________________

Samedi matin, déjà. Dix heure trente, le réveil a sonné.
La lumière a empli la chambre, empli mes yeux et mon cœur.
La nausée du réveil et du réel m’atteint. Ne jamais se lever, puisque le sommeil est un peu la mort, et qu’en dormant on ne ressent plus rien.

Je me rendors.

Onze heure quart. J’ai fait un cauchemar. Mes enfants, ils gisaient là, par terre, dans une mare de sang, les yeux grands ouverts. Ils trouvaient encore la force de dire, doucement « maman, maman, pourquoi tu nous as fait ça, pourquoi tu ne nous as pas sauvés ? » Leurs lèvres étaient blêmes et je pleurais, incapable de les aider, incapable même de les toucher, leur caresser le front pour les réconforter...
Je savais que c’était de ma faute, je n’avais pas su les protéger.

Je me ressaisis. Lucas était chez un copain, hier soir, il ne doit pas être encore rentré. Mathias est au foot le samedi matin, son père le conduit. Ils sont en sûreté ; je ne suis pas une mauvaise mère.
La culpabilité, pourtant, me ronge.

Je dois me lever, être là au retour de mes enfants, leur préparer à manger, leur sourire, les écouter me raconter leurs histoires adolescentes... Mais quelle différence, au fond ? Ils ne remarqueront même pas que je ne suis pas là, peut-être. Ils sont grands ; ils n’ont plus autant besoin de moi. Parfois, je me sens transparente à leurs yeux : il y a tellement plus que moi dans leur vie !
Le repas, ça c’est important. Préparer à manger, faire la vaisselle et la lessive, ça ils m’en sont reconnaissants !

Je me rendors.

Des pas dans l’escalier. Ils montent à l’étage au dessus : c’est lui. Il vient d’où, il fait quoi ? Il ne passe pas par ma chambre. Il ne passe plus jamais par ma chambre. Parfois je me dis, je pourrais être morte, il ne le remarquerait pas.
Au début, je pensais que c’était moi, le problème. Je me faisais des idées, il était préoccupé avec son boulot, mais il m’aimait, bien sûr.
Je ne lui ai jamais dit : je te trouve distant, froid, j’aimerais que tu m’aimes plus, que tu le montres plus.
Il y avait la phrase de ma mère, dans ma tête : « le secret du bonheur, en amour, ce n’est pas d’être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il faut ». Alors je me taisais, faisant semblant de ne pas remarquer son indifférence, nos disputes, ses agacements.
Petit à petit, même plus de merci si je lui passais le sel, même plus de bonjour en rentrant.

Ça fait longtemps qu’il ne dort plus avec moi. Nous n’avons pas les mêmes horaires, m’a-t-il dit. Je me lève tôt en semaine, il se couche tard.... Nous passions notre temps à nous réveiller l’un l’autre.
Là encore, je n’ai rien dit. J’aurais pu ! La vérité, c’est qu’il refusait de me faire l’amour, qu’il évitait tout contact avec ma peau, comme si j’étais vénéneuse, ou pire : morte.
Je ne suis pourtant pas si dégoutante. La cinquantaine, mais j’ai toujours paru plus jeune que mon âge. Je suis jolie, je pourrais encore plaire !
Si seulement je souriais un peu...

Je ne dis rien, et à force de me taire, je me déssèche. Alors de temps en temps, à table, lorsqu’encore une fois il évite mon regard ou fais semblant de m’écouter, j’éclate en sanglot. Ou alors je l’engueule pour rien, s’il a oublié d’aller faire les courses, s’il a mal refermé un pot de moutarde, j’explose en invectives.
Mes garçons me regardent, silencieux, ils soupirent. Je leur fais pitié. Ou alors, ce qui est pire, ils souffrent de la situation. Mais on leur a appris le silence, alors ils se taisent, encore et toujours, comme moi, comme moi...

J’ai envie de hurler : « c’est sa faute, c’est sa faute ! »

Il me trompe, maintenant. Je n’ai pas de preuves mais j’en suis certaine. C’est dans l’ordre des choses, après tout. Je parie qu’elle est bien plus jeune, bien plus jolie. Et puis, il ne faut pas la subir au quotidien : pas sa sale tronche du réveil, pas sa fatigue ou sa mauvaise humeur après une dure journée de travail, pas les petits soucis de la vie de tous les jours. Evidemment, c’est plus facile.

Je pourrais le quitter. Il est au chômage : l’argent, il vient de moi. Je pourrais le confronter, lui dire : « mais tu ne m’aimes plus, pourquoi tu restes ? Depuis combien de temps tu te forces à être avec moi ? »
Il serait encore capable de ne pas répondre, hausser les épaules, me dire : « tu es folle ». La technique de l’autruche, encore et toujours.
Il ne me bat pas. Il fait les courses. Il vide le lave-vaisselle. Il adore ses enfants et les aide dès qu’il peut.
Il n’a aucun tort, si ce n’est celui d’avoir cessé de m’aimer.

Voilà, je suis là, à pleurer comme une conne, dans mon lit, un samedi matin.

Incapable de le quitter, je fais l’autruche, moi aussi. Au boulot, quand ils me demandent : « comment ça va ton mari ? » je réponds « mais bien, il est adorable, vous savez, vingt ans de vie commune et on s’aime encore ! »
Je l’aime encore. Bien sûr, il est mon grand amour, le père de mes enfants. Le quitter, c’est me tuer moi-même.
Alors j’attends, j’attends qu’il claque la porte, qu’il soit un homme, enfin !
Mais la phrase, lui aussi sa mère devait lui la sussurer dans le sommeil.
Il ne me quittera pas. Il est confortable, ici. Une gentille maîtresse qui satisfait son cul, une gentille femme qui le nourrit, deux gamins adorables pour frimer devant les copains. Salaud, salaud, salaud !!!

On frappe doucement à la porte. Je n’ai entendu personne monter dans les escaliers, pourtant... C’est peut-être lui, il vient s’expliquer, s’excuser pour cinq années de silence et de mépris ?
Mathias entre, sa jolie tête brune, ses boucles tombantes devant les yeux. La bouche entrouverte comme quand il doit demander quelque chose, mon petit garçon, mon bébé...

Je ne veux pas pleurer, je veux garder ne serait-ce qu’un peu de dignité devant mon fils, mais je sanglote, incapable de me retenir, j’agrippe la couette, je voudrais tellement que quelqu’un m’aime !
Il me serre dans ses bras, doucement il me berce.

« Je voulais juste te dire, Lucas et moi on a fait à manger, tu veux descendre ou je t’apporter tout ça au lit ? »
Je souris, à travers mes larmes. Oui, vivre, me lever, pour mes deux enfants, mes deux amours.

Lui ? Qu’il aille se faire foutre.


Elle pleure dans sa chambre. Elle pense qu’on ne l’entend pas, mais elle fait tellement de bruit ! Et ça sanglote, ça renifle, ça hoquète...
Je pourrais entrer, la consoler. Comme je pourrais lui rendre ses je t’aime, la remercier pour les repas, lui dire qu’elle est jolie quand elle s’habille bien.
Mais mes pieds et mes bras sont en plomb. J’ai désappris les gestes gentils envers elle.

Elle ne dit rien. Elle sait que je la trompe. Elle est lâche. Elle me retient prisonnier, avec sa tristesse. Elle se pose en victime.

Oui, bien sûr, je la déteste, elle me dégoute. Je ne supporte pas son contact. Je pense au temps d’avant, elle était si belle, si rieuse, et je l’aimais si fort ! Quand elle était enceinte, c’était la plus belle femme du monde, je posais la main sur son ventre, je souriais, j’étais fier d’elle.
Et puis... La dépression, toujours, les sautes d’humeur, j’étais devenu son chien, son défouloir, le type qui fait les courses et qu’on peut blâmer si notre vie va mal. Elle ne voulait plus jamais faire l’amour, elle avait ses migraines. Le week-end, elle était incapable de rien faire, jamais de sortie avec les gosses, elle était trop fatiguée.
Elle m’aimait, mais uniquement quand ça l’arrangeait.
Je n’ai rien dit, je pensais : « c’est une mauvaise passe, la pauvre, elle a beaucoup de boulot, c’est difficile... »
A cette époque, elle était encore l’amour de ma vie.

Elle a toujours été fragile. J’aimais ça, qu’elle soit plus sensible que les autres, son côté lunatique m’attirait, je la trouvais exotique.
L’exotisme au quotidien, ça tue.

Je n’ai rien dit, je me suis éloigné, sans même m’en rendre compte. Un matin je l’ai regardé : elle était vieille. Elle sanglotait sur sa tasse de café, je ne sais plus pourquoi, fatigue, découragement. Mathias était là, et je l’ai haïe d’imposer ça à son fils.
J’ai vu une sorcière, qui empoisonne la vie des autres, tellement préoccupée par son propre malheur qu’elle ne voit plus le reste.
J’ai cessé de l’aimer.

Sandra est belle, jeune, elle rit à mes blagues stupides, elle ne me prend pas pour un con. A ses yeux, je suis quelqu’un, elle ne connaît pas mes défauts. Elle aime faire l’amour avec moi, elle a un corps parfait, souple, elle se plie à mes fantasmes, mieux, elle m’impose les siens.

Je ne la quitterais pas. Si elle est malheureuse, qu’elle agisse, qu’au moins une fois dans sa putain de vie elle prenne une décision par elle-même ! Je ne peux pas la quitter. Ce serait trop affreux. J’ai peur qu’elle devienne folle, qu’elle se suicide. J’ai peur pour les garçons, aussi, ça les déstabiliserait.
J’aime mes enfants plus que tout.
De retour dans ma chambre, mon fils est devant mon ordinateur.
« -Qu’est-ce que tu fous là, Lucas ? »
Il se retourne, me regarde droit dans les yeux. Il ne dit rien, son visage est fermé.
Il regardait mes mails envoyés. J’ai effacé tous ceux que j’ai reçu de Sandra, je n’ai jamais pensé que...
« Sandra, mon Amour,
tu me manques tellement ! Je voudrais tes bras, tes baisers...Sans toi, je m’asphyxie...ici, tout va bien, j’ai été conduire Mathias au foot, il.. »
Je ferme la fenêtre.

Tout ce que je trouve à dire, c’est : « ma vie privée ne te regarde pas ! »
Comme si c’était moi, l’adolescent, et lui le père, le juge. Il me juge.

Qu’est-ce que je peux dire pour ma défense ? Ta mère est vieille, triste, colérique. Elle est pleine de rancœur et de non-dits. Je ne l’aime plus.

« -Pourquoi tu la quittes pas ? »
Il a juste dit ça, et il redescendu. Son ton était triste et sage.

Que dire, mon fils ?
La vie est plus compliquée vue de mon côté.
Il n'y a plus de victime, de coupable, d'innocent à mon âge. Juste notre peine et notre lâcheté.
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Gred
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MessageSujet: Re: "Le secret du bonheur..."   "Le secret du bonheur..." EmptyDim 1 Mar - 14:29

Hé ben, Titefraise, tu en étais, en effet, très inspirée ! C'est tragique, c'est deux personnes qui se déchirent sans rien se dire, comme quoi, on n'a pas besoin de dire des mots pour blesser l'autre. J'ai beaucoup aimé ce changement de point de vue, cette manière que les deux adultes ont de se lancer la balle, la culpabilité l'un sur l'autre, qu'on voit l'évolution de la déchéance du couple des deux points de vue. Surtout, j'ai apprécié le rôle que tu donnes aux deux enfants, chacun confrontant l'un des parents, comme si, finalement, ces deux adolescents savent mieux que leurs adultes de parents.

Il y a beaucoup de sentiments et de réflexion dans ton texte. Bravo ! thumright
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Ruika
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MessageSujet: Re: "Le secret du bonheur..."   "Le secret du bonheur..." EmptyDim 1 Mar - 23:48

Je viens de lire ton texte Titef. Il m'a un peu secouée, beaucoup marquée. Je sais pas si je pourrais en faire une review cohérente ^^'
Mais je voulais te laisser un petit commentaire quand même, pour te dire que j'ai lu et qu'il m'a beaucoup beaucoup touchée !
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MessageSujet: Re: "Le secret du bonheur..."   "Le secret du bonheur..." EmptyLun 2 Mar - 0:11

Merci à vous deux! ^^
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