Voici le fruit d'un atelier que nous fîmes récemment avec Gred, Katsou et mon cher et tendre. Je poste comme convenu sa fic recopiée.
"Pairing": Abruzzi & Shillinger (Chef aryen de Oz)
Thème: Le blouson bleu
Sans titre fixe
Univers alternatif Prison Break hooded / Oz mink & texel
(note de la posteuse: ce que vous voyez ci-dessus, c'est le pétage de câble du p'tit gars qui assaisonne son fandom avec des variétés de pelages de rats et de cochons d'Inde, si si...)
J'ai la gorge refermée, les yeux ouverts, silencieux. Un bandage serré me protège mais c'est presque inutile. J'aurais pu avoir la joie de découvrir l'extérieur un instant, mais ils m'ont emmené pour me cloîtrer de nouveau. Oui, toutes ces arènes se ressemblent, c'est le même lieu. Oswald ne se démarque de Fox River que par son infirmerie plus subventionnée. A vol d'oiseau les deux espaces clos ne sont distants que d'une petite dizaine de kilomètres, un rien lorsqu'on se déplace en hélicoptère.
Je ne dis rien, tout comme à mon arrivée, mais alors je ne pouvais pas. La fente dans ma chaire m'avait aussi coupé la parole. Maintenant, c'est un choix. Ou plutôt, une expérience.
Vociférer n'est pas un moyen de se faire respecter. Il faut serrer les dents, il faut se taire lorsque parler ne fait que nous condamner. Parler sans répartie dans un moment critique peut même vous démunir de votre vie. Serrer les dents, oui, sur l'ennemi pour le mettre en charpie. Mon ennemi m'avait fait cette fleur : me soustraire à cette ultime faiblesse à laquelle j'aurais pu succomber lorsqu'il m'avait défait. Ce fut son erreur. Me réduire au silence fut son erreur. Je lui dois ce silence qui m'a forgé un second souffle, un chemin vers la vengeance.
J'ai échu dans l'infirmerie officielle d'Oswald, gérée par un unique médecin et dont l'assistance était assurée par des prisonniers – volontaires ou punis – ce qui me semble être une belle connerie. Rongé par une haine cauchemardesque et vindicative, comateux et indifférent à mon entourage, je fus brièvement considéré comme un cintré de plus ayant cherché à savoir si sa tête pouvait balloter dans son dos. Mais rapidement les membres de la Famille locaux furent mis au courant de ma présence dont la nouvelle s'étendit à toute la prison.
N'étant pas en très bons termes avec les Schibetta que je trouve arrogants et peu ambitieux, j'ai alors profité de mon mutisme établi pour rester dans l'ombre, refusant le contact. Le médecin me considéra en état de choc et les taulards ne cherchèrent pas à en savoir plus, pas même les Schibetta qui préférèrent m'ignorer que de risquer un conflit ouvert.
C'est à ce moment que j'ai rencontré le blouson bleu. Je l'ai vu la première fois lorsque je me suis réveillé. J'ai d'abord distingué son blouson. Le mec était moins beau. Une caricature ambulante, ironique et dégarni. J'ai appris plus tard que lui aussi était une saleté d'aryen... Mais peu m'importait alors. J'ai changé d'avis en connaissant son tableau de chasse. Impossible de ne pas faire de lien, si ténu soit-il. Je l'étudiais, surtout lorsqu'il venait changer mes draps et m'habiller car j'étais trop faible. Ressemblant par les méfaits, différent dans les actes. J'ai rapidement compris ce qui m'avait échappé durant mon long séjour à Fox River : déstabiliser, il faut déstabiliser, c'est la clef. Non du pénitencier, mais peut être bien de la survie. Mon silence face à lui créait un malaise certain. C'est pourquoi j'ai continué à me taire malgré le recouvrement total de mes capacités. J'accompagnais mon mutisme d'un vide total : J'avais le regard fixe, j'étais sourd et isolé. Il savait qui j'étais, certes, mais il voulait en savoir davantage. La curiosité de me connaître mua peu à peu son malaise en crainte. Mon passé carcéral parfois sanglant, cette récente rixe avec un chef aryen et mon état de choc lui suggérait la pire des déviances me concernant. La prison offre une exiguïté propice à la paranoïa et il n'y a pas de meilleure alliée que cette curiosité défensive pour celui qui tire les ficelles. C'est grâce à ses sollicitations que petit à petit le noeud coulant se referme, étouffant le dernier fragment de liberté par la même occasion. Au fil des jours, il m'évita de plus en plus fréquemment.
J'ai beaucoup apprécié cette terreur qui m'a accompagné jusqu'à aujourd'hui. Je repars... Le médecin, en absence de réponse, a juste eu le temps de me faire passer par le coiffeur. Je suis prêt à retourner à Fox River. Pendant mon transit vers le fourgon, je croise le blouson bleu. Je le regarde avec insistance, le gratifiant d'un large sourire muet. Cette apparente sympathie le glace. Je pars.
Dans le fourgon ma croix frappe régulièrement ma poitrine pendant le trajet. Je m'en saisis et l'embrasse. A mon arrivée je serai remplis d'une compassion si forte, si contrastée avec mon état passé que tous en seront ébranlés. Lui surtout. A moi alors d'être imprévisible. A moi d'être insaisissable. Tu m'as ouverts la gorge, mais les yeux surtout, et j'ai vu comment t'atteindre Théodore.