La chasse aux champignonsUn bon petit diable, qu’on se le dise,
La jambe légère et l’œil polisson,
Et aux chansonnettes s’élevant dans la brise,
Allait à la chasse aux champignons.
Comme il gambadait dans la fraîche bise
Il vit Pip courir parmi le vallon.
Il lui dit « salut, ma sœur pique une crise :
J’lui ai encore furé ses champignons. »
Merry répondit « Ben c’est à ta guise :
Viens donc avec moi : j’en cherche quelques bons ! »
Et bras-d’ssus bras-d’ssous, l’âme de Pip conquise,
Ils vont à la chasse aux champignons.
Ils ne savaient, tout à leurs bêtises,
Qu’se cachait l’amour parmi les buissons,
Et qu’il envoûtait de sa folle emprise
Les cœurs des chasseurs de champignons.
Quand l’un se fit tendre, l’aut’ lui dit « J’précise
Qu’c’est pas dans le fond de mes pantalons
Ni sous la boutonnière de ma chemise
Que tu dégot’ras des champignons. »
Sur sa bouche en feu qui lançait « Merry, ce… »
Il posa ses lèvres en guise de bâillon.
C’fut l’plus beau chahut, certes, qu’on se le dise,
Qu’on ait vu d’mémoire de champignon.
Rev’nant au village, la malice éprise,
Ils s’promirent tous deux d’aller des millions,
Des milliards de fois – la nature attise…
Ensemble à la chasse aux champignons
Mais tant qu’ils aim’ront risquer les bêtises,
Et qu’les collines vertes les couvriront,
Il f’ra bon pousser, sous la fraîche brise :
Ils f’ront pas la chasse aux champignons…
Pas la chasse aux champignons…