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26/03/05
Par la Halfeline
Une main sur mon front. J’ouvre les paupières sur le noir complet. Je remue, légèrement paniqué, mais m’apaise aussitôt que la paume glisse sur ma joue ; il est le seul à être béni de mains si délicates. Je gémis un peu, pour qu’il balaie de plus belle mes restes de détresse. Je tourne la tête et rencontre une cuisse ferme enveloppée d’un lourd tissu.
- Tu es là ?
Mon murmure s’est envolé tout seul. Les doigts s’enroulent sous mon menton, avant de glisser leur dos courbé sur mon autre pommette.
- Oui. C’est moi. Et je ne te laisserai plus jamais à présent, plus jamais…
La présence est si bonne dans cette obscurité totale. Je ne le vois pas, mais tous ses gestes me disent son prénom. Je me sens submergé de tendresse, et de bonheur car je sais que c’est fini.
- Je t’aime.
Rien n’est décidément identique dans le noir. On ne sent même pas la nécessité de rougir. Je me sens alors cherché, et étreint, ma tête retombant contre un cou si soyeux… Il répond en me caressant lentement le dos, calmant les tremblements, puis quelques baisers viennent tomber dans le creux sensible entre la mâchoire et l’oreille.
Je vais à mon tour retrouver son visage de ma main, le retrouver vivant dans cette tranquillité. A son tour, sa gorge serrée par l’émotion laisse entendre un bref et sourd geignement. J’en caresse toute la douceur et l’harmonie intacte. Il repose sa tête sur l’oreiller de mes cheveux, et remonte ses petits doigts contre ma nuque. Sa respiration est profonde tandis que je l’effleure, le taquine parfois gentiment. Je sais que mon compère aime cela, mais j’ai bientôt envie de plus ; ces nuits loin de lui n’ont fait qu’attiser la fraternelle inclination que je lui portais, me faisant brûler de sa peau si duveteuse et réconfortante.
Son souffle sursaute lorsque je défais le premier bouton de ce qui semble être une longue chemise. Le bout de mes phalanges glisse sur la peau douce, que j'imagine vierge, peut-être dans un songe un peu fou. A la deuxième attache, c’est le grain de sa propre chair qui se met à frissonner, mais il ne m’arrête pas. Je le caresse, le chéris de mes doigts, l’explore. Je le reconnais là où je ne l'ai jamais connu. Un spasme nous secoue tous deux lorsque je rencontre soudain sur sa poitrine un détail autrement plus fragile. Il étrangle un gémissement sous mes lèvres qui sont maintenant posées contre sa gorge, mais je pense être le plus saisi des deux. La peau que je touche à ce moment est plus légère que tout ce qui peut exister, a des lieues de tout ce que j’ai appréhendé ces derniers mois. Elle ne semble même pas véritable, mais rappelle plutôt un enchantement inconnu. Une petite éminence s’érige discrètement sous mes touchers hésitants.
Il soupire un peu péniblement, puis se penche doucement vers moi pour trouver mes lèvres perdues dans cette opacité. Lorsqu’il les frôle pour la toute première fois, je sens l’une de ses mains passer sous ma chemise de nuit ; je me tends. Et l’autre, il la pose sur la mienne, contre sa poitrine si douce et rassurante.