La lanterne fringante
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 Pas un souffle pour les étincelles

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Mailine
Succube enluminée
Mailine


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MessageSujet: Pas un souffle pour les étincelles   Pas un souffle pour les étincelles EmptyVen 15 Mai - 0:20

Voici un petit texte que je réservais pour un concours où on m'a méchamment recalée (tout comme Titef et son papa, mais comme elle dit: "Ils ratent trois grand talents littéraires, voyons !")

Pas un souffle pour les étincelles


Sur le sol, on trouve un tas de choses. Des moches et des belles. Des dégoûtantes, des sublimes. Des lourdes et des légères. Puis, des hommes. Et des femmes. Des vieux et des jeunes. Des insectes et quelques bestioles. Des trucs sales, des trucs propres. Et puis, parfois, des petites étincelles.

Des petites étincelles vacillantes. Des petites étincelles qui s’éteignent, balayées par un murmure. Des petites étincelles balayées par quelque chose d’infime. Balayées par un chuchotement. Parce que les étincelles sont fragiles, délicates. Parce qu’il suffit d’un geste de travers, et elles disparaissent.

***

Charlotte n’avait pas su leur parler. Parce que Charlotte ne savait pas. Parce que Charlotte n’avait plus de voix. Parce que ses mots n’étaient que des murmures. Charlotte les avait balayées, d’un chuchotement, d’un soupir. Elle les avait éteintes, une à une. Jusqu’à la dernière, qui vacillait encore sur une mèche de cheveux. Jusqu’à cette petite lueur, accrochée à ses cheveux blancs.

Elle avait bien essayé de les retenir, mais elle n’avait pas pu. Charlotte s’était courbée face au temps. Charlotte était comme un drapeau qui claque au vent. Elle avait pris trop de coups. Elle avait pris trop de gifles, alors elle avait abandonné. Elle avait regardé le temps filer, les étincelles disparaître. Elle s’était assise, sur un bout de trottoir. Elle avait soupiré, encore une fois. Elle avait lancé un dernier murmure. Elle avait fermé les yeux.

Elle avait essayé d’oublier que son dos était rond, son visage éteint. Elle avait essayé d’oublier ses yeux ternes, ses cheveux blancs. Essayé d’oublier les crevasses qui lui fendaient le visage. Essayé d’oublier les ruisseaux de veines trop vieilles qui parcouraient son corps. Essayé d’oublier qu’elle ne pouvait plus sourire, plus rire, plus parler.

Charlotte avait soupiré, une dernière fois. Prête à oublier que, parfois, sur le sol on trouve quelques étincelles. Des petites étincelles vacillantes. Des petites lueurs, fragiles et délicates. Comme celle qui pendait le long de ses cheveux blancs.

Prête à s’éteindre, à son tour. Fragile et délicate. Balayée par un chuchotement.

***

Jules n’avait jamais vu d’étincelles. Parce que Jules ne savait pas regarder. Jules n’aimait que la musique. Jules n’aimait que le bruissement de ses pieds sur le sol. Jules n’aimait que les chuchotements du pavé. Jules n’avait jamais rien vu. Jules ne savait qu’entendre.

Jules ne savait que saisir les murmures, caresser les soupirs. Jules ne parlait pas. Jules ne parlait jamais. Sa bouche était close, ses lèvres gercées. Pas un son ne sortait de Jules.

Jules, lui, écoutait les bruits. Les moches, les beaux. Les dégoûtants, les sublimes. Puis, les hommes et les femmes. Les vieux et les jeunes. Les insectes, et puis, quelques bestioles, aussi. Les trucs sales et les trucs propres.

Alors, forcément, Jules entendit Charlotte. Jules entendit les coups, les gifles. Jules entendit son dos qui s’affaissait. Son visage éteint. Son sourire perdu. Jules entendit ses cheveux blancs immobiles, les crevasses sur sa peau. Mais surtout, Jules entendit son dernier soupir.

Jules entendit un chuchotement. Un chuchotement de trop. Jules entendit Charlotte s’éteindre.

Alors, doucement, il la prit dans ses bras. Il caressa son front, glissa ses doigts sur ses paupières. Il les entendit se fermer, comme une porte qu’on referme, qu’on condamne d’un tour de clé. Il pensa à son dernier soupir, une porte qui grince. Une plainte. Une serrure rouillée.

Jules ouvrit les yeux à sa place. Jules vit, pour la première fois. Il vit le temps, imprimé sur ses mains. Les gifles sur son dos. Et il la serra contre lui, à n’en plus finir. Il caressa son visage éteint. Ses lèvres qui ne souriraient plus jamais.

Et, doucement, du bout des doigts, il caressa ses cheveux blancs. Il glissa ses doigts dans ses mèches argentées. Il suivit les courbes de sa chevelure. Il la suivit toute entière, jusqu’à la petite étincelle, vacillante. Presque éteinte.

Jules referma les yeux. Il l’entendit presque murmurer. Mais Jules ne parlait pas. Il ne pouvait pas. Pas un son, pas un murmure. Pas un chuchotement, pas un souffle. Pas un soupir.

Jules serrait la tête de Charlotte contre son cœur. Pour la réchauffer, un peu. Elle et sa petite étincelle. Pour qu’elle puisse briller, encore et encore. Il ne parlerait pas. Il la laisserait tranquille. Il ne dirait pas un mot, pour ne pas l’effrayer. Il ne la balayerait pas. Parce que les petites étincelles sont fragiles et délicates. Un rien les effraye, un rien les éteint. On pense qu’elles resteront là, une éternité. On pense qu’elles ne bougeront pas. On a à peine le temps d’un murmure, qu’elles disparaissent.

Alors Jules ne bougerait pas. Jules serrerait Charlotte et son étincelle contre son cœur. Pour que ses cheveux brillent encore et encore. Pour qu’elle ne s’éteigne jamais vraiment, un peu comme les étoiles.

Et peu importe ce qu’on trouve sur le sol. Peu importe ce qui est moche et beau. Sublime ou dégoûtant. Lourd, léger. Peu importe. Il voulait que l’étincelle de Charlotte reste accrochée à ses cheveux blancs pour l’éternité.

***

Sur le sol, on trouve un tas de choses. Des moches et des belles. Des dégoûtantes, des sublimes. Des lourdes et des légères. Puis, des hommes. Et des femmes. Des vieux et des jeunes. Des insectes et quelques bestioles. Des trucs sales, des trucs propres. Et puis, parfois, une petite Charlotte et son étincelle. Alors, on ne dit pas un mot et on reste là. Pour que les étoiles ne bougent jamais dans le ciel.
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