| | Petits textes à thèmes durant l’épopée du Portugal | |
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Mailine Succube enluminée
Nombre de messages : 532 Date de naissance : 11/02/1991 Age : 33 Localisation : Dans des épis de blé Emploi : Ad impossibilia nemo tenetur
| Sujet: Petits textes à thèmes durant l’épopée du Portugal Ven 10 Aoû - 1:48 | |
| Voici donc mes propres textes fait durant ce petit séjour au Portugal Ils sont très courts, sans parings, simplement basés chacun sur un thème Une chaise en boisAu fond, une chaise en bois, c’est bien. C’est droit. Ca n’a l’air de rien, comme ça, mais vous imaginez une chaise en caoutchouc ? On s’enfoncerait. D’abord les fesses, puis le reste. Les idées, les mots, et les certitudes. Le bois, c’est du solide. Rien ne vaut une chaise en bois pour les grandes décisions. Et les grandes peurs. Sans oublier les grands chagrins. Il suffit de regarder les bars. On peut y noyer son chagrin dans une bouteille, dans le goulot, un minuscule trou, mais on ne noie rien convenablement sans chaise en bois. Il faut une bonne chaise en bois pour les grandes noyades, comme il faut de bonnes bouées pour les grands sauvetages. On dira ce qu’on voudra, je suis bien, moi, sur ma chaise en bois. Même saoul. Ma chaise, c’est mon navire, et ma chope, ma bite d’amarrage ! J’irai où je voudrai, bercé par les vagues, par le roulis et le doux clapotis de la bière. Ma chaise, c’est mon navire ! La petite culotte de Marie-Claire
Elle était planquée dans un coin, la petite culotte de Marie-Claire. Avec des pinces à cheveux, des trucs de femmes. Elle était planquée derrière le radiateur. A croire qu’elle avait froid. ‘Faut pas s’étonner, parce que la petite culotte, elle peut pas rester avec Marie-Claire tout le temps. Alors, elle a froid. Et elle se réchauffe. Abandonnée près du radiateur. Marie-Claire ne pense pas souvent à sa petite culotte. Sauf quand elle est de trop. Sauf quand elle dérange. Sauf quand il y a des hommes. Solidarité féminine ? Même pas. Derrière le radiateur, la petite culotte ! Et derrière le radiateur la petite culotte est restée. Elle a vieilli en observant Marie-Claire. Marie-Claire habillée, Marie-Claire debout, les seins de Marie-Claire, le cou de Marie-Claire. Tentation ambulante, Marie-Claire. De derrière le radiateur, la petite culotte a tout vu. Et elle est tombée amoureuse. Ce n’est pas sur ses fesses charnues qu’elle l’a aimée, mais de derrière le radiateur. Voilà. Voilà, un peu de chaleur et c’est la débandade… On tombe amoureux, on a de nouveau froid. On va se réchauffer ailleurs. Et ça recommence. On peut se demander pourquoi la petite culotte était derrière le radiateur ? De sur les fesses de Marie-Claire, elle est tombée amoureuse… du radiateur. Le nénuphar
« Mon nénuphar s’appelle Edgar ». C’est mon vieux qui me l’a avoué. C’est tacite, c’est du non-dit, d’habitude. Vous en connaissez beaucoup qui avouerait ? C’est moche, comme nom, Edgar. J’en connais un peu. ‘Faut pas exagérer. Beaucoup, c’est beaucoup. Et j’en connais pas beaucoup. Je connais mon vieux. Mon vieux… Je l’ai repêché sur un banc. Je dis repêcher, parce qu’un peu plus et il coulait. Dans le banc. On n’aurait plus fait la différence. Sa peau rêche serait devenue du bois, son poil blanc, des chiures de pigeons. On l’a échappé belle. Je lui ai donné un bain. Et un nénuphar. Appelé Edgar. Pour qu’il en prenne soin. Pour qu’il s’occupe. C’était peut-être pas une bonne idée, mais je sais pas comment on occupe un vieux. Je pensais que ça lui ferait du bien, à mon vieux. Mais trop tard, je l’ai repêché du banc, je l’ai noyé dans une plante. Je sais pas tout faire. Mon vieux s’est noyé dans Edgar, Edgar s’est noyé dans mon vieux. Pareil. Mon vieux a Edgar dans le cerveau. Je sais pas tout faire, alors, j’ai laissé mon vieux sur le banc, avec Edgar. Comme un végétal. Il a pris racine. Peut-être que, maintenant, il pousse. Le cheval de bois
Si j’ai les jambes arquées, c’est la faute au cheval. Si encore c’était un vrai, un qui bouffe de l’avoine, ça paraîtrait moins con. Mais c’est la faute au cheval. Et la faute d’Eva. Aussi. C’est toujours un peu la faute aux femmes. Je l’ai regardée filer en bagnole. J’ai voulu la rattraper. Comme le prince dans Cendrillon. Sauf qu’à la fin, ils ont plein d’enfants. Moi, j’en ai pas. J’ai un cheval de bois. Puis, je cours pas vite, de toute façon. Mon destrier, le seul, c’était ce con de cheval de bois. Réflexe d’amoureux imbécile, j’ai sauté sur le cheval de bois. Ca vous fait marrer ? Pas moi. Depuis, je fais du sur place. D’avant en arrière. Sur un con de cheval de bois. J’ai les jambes arquées et, c’est sur que comme ça, Eva ne reviendra pas. Le verre d’eauQuand on fixe un verre d’eau, le niveau ne descend pas. Enfin, c’est rare. Et quand on fixe un verre d’eau, généralement, ça ne va pas. Parce qu’on fixe le verre d’eau sans le fixer. Comme un con. Quand on fixe une tasse de café, on a l’air d’un con fatigué. Quand on fixe un verre de bière, on a l’air d’un con ivre. Alors, le pire, c’est le verre d’eau, parce qu’on a l’air d’un con tout court. Quand je fixe un verre d’eau, c’est généralement la faute aux femmes. Pas qu’elles m’y obligent, parce que généralement, quand je fixe un verre d’eau, c’est qu’il n’y en a pas, de femmes. Du coup, je fixe, parce que fixer, c’est comme laisser pisser : ça fait du bien. | |
| | | Latitefraisedesbois Eblouissante jouisseuse
Nombre de messages : 349 Date de naissance : 16/05/1991 Age : 32 Localisation : Ici, ailleurs et autre part...
| Sujet: Re: Petits textes à thèmes durant l’épopée du Portugal Lun 13 Aoû - 16:25 | |
| Mais! D'où vient celui du verre d'eau??? Je ne l'avais pas lu! Scandale!
Bref, j'ai déjà tout dit... J'aime beaucoup, c'est décalé juste comme il faut, marrant et profond comme une mare. ^^ | |
| | | La Halfeline Prophète de Lilith
Nombre de messages : 1972 Localisation : La Comté-Franche
| Sujet: Re: Petits textes à thèmes durant l’épopée du Portugal Lun 3 Sep - 23:37 | |
| Ah, voilà! Je te devais une tite review, je m'y mets enfin. Tout d'abord, il me faut dire que cela tient presque du crime de vouloir décortiquer tous ces petits bijoux avec des commentaires particuliers... tant il est difficile de les imaginer autrement qu'en eux-mêmes, complets et sans rien autour. Mais bon... je ne vais pas me retrancher derrière ce fait, ça serait vraiment trop facile. Magnifique chaise en bois! ^^ Au-delà de tout l'aspect visuel qui ne serait pas sans rappeler les délires à la Dali, la réflexion fait tout à fait sens! Le fait que la chaise en bois soit un soutien aussi solide physiquement que mentalement (on dit bien "assieds-toi" en cas de grande nouvelle ^^)... Et puis j'adore cette manière que tu as de nous faire voguer, de l'alcool à la mer, de la chaise de bar au bateau... Très joliment filé! La petite culotte de Marie-Claire fut un sacré coup de coeur et, honnêtement, c'est très difficile pour moi de la commenter. Rien à faire: le texte est là, voilà tout. En une pincée de mot on est envahi par l'atmosphère féminine, je ne sais psa comment tu as fait pour qu'on en sente si vite toute l'odeur. Et cette petite culotte jetée derrière le radiateur, qui a regardé mûrir sa maîtresse sans rien dire, en en tombant amoureuse une fois éloignée... c'est bête mais ça a quelque chose de tout à fait émouvant pour moi. ^^ Heureusement la chute, toute en légèreté, nous laisse plus sur une impression mignonne que tristounette. Vraiment, sublime petit texte très original! Adorable le Nénuphar appelé Edgar. Mon favori. Réellement émouvant celui-là, pour le coup. Parce qu'au-delà du grain de folie incrusté dans chacun de ces textes, on sent une prise sur la réalité présente dans celui-là. La mention de lieux quotidien: le bain, le banc... Superbe parallèle entre la texture et la teinte du vieux et du banc public, ça tient vraiment de l'image géniale, en pesant le mot. On sent que tu maîtrises le vieux comme sujet... Et puis, derrière cette histoire de nénuphar, on sent bien qu'il y a quelque chose de triste qui a besoin d'être imagé... ça fait très Boris Vian tout ça. Le vieux, tout ralenti qu'il était, n'était plus apte qu'à prendre soin d'une petite plante d'eau... puis il s'est noyé dans la fixation de cette petite plante d'eau, et maintenant la plante d'eau lui flotte dans le cerveau, et il végète à proprement parler. ... Je suis sûr que si j'osais me concentrer pleinement sur le texte, il m'embuerait un instant les yeux. Mais là encore, tu refuses de conclure sur la noirceur avec une petite boutade douce-amère qui réchauffes le coeur. Plus légers les deux derniers, on peut les lire plus tranquillement. Le cheval de bois est incroyablement renaudien! Je l'aurais parfaitement vu l'écrire mot pour mot, en guise de petit poème en prose. Dis-moi, c'était conscient? En tout cas, sympa. Et là encore juste métaphore du vague-à-l'âme qui s'y rapporte: en l'occurrence la course illusoire, finalement vaine, de l'amoureux qui voudrait récupérer sa moitié partie... Dans le verre d'eau, j'ai vraiment adoré la phrase où tu compares le fait de fixer une tasse de café, une chope de bière et un verre d'eau. Elle sonne vraiment trop trop bien! Voilà voilà... des reviews bien maladroites pour des petits textes d'une saveur incroyable, vraiment. La chose pourrait être mal prise de la part du premier venu, mais en ce qui me concerne c'est un grand compliment: j'ai affiché ces petites gourmandises au tableau des toilettes... | |
| | | Mailine Succube enluminée
Nombre de messages : 532 Date de naissance : 11/02/1991 Age : 33 Localisation : Dans des épis de blé Emploi : Ad impossibilia nemo tenetur
| Sujet: Re: Petits textes à thèmes durant l’épopée du Portugal Mer 5 Sep - 0:15 | |
| Roooh ! ^^ Merci pour ces petites reviews, Titef et Half, ça me rend toute guillerette ^^ - Citation :
- Mais bon... je ne vais pas me retrancher derrière ce fait, ça serait vraiment trop facile.
Et ça fait d'autant plus plaisir que tu t'y sois appliquée ^^ - Citation :
- Superbe parallèle entre la texture et la teinte du vieux et du banc public, ça tient vraiment de l'image géniale, en pesant le mot. On sent que tu maîtrises le vieux comme sujet...
*toute rougissante* Ca me va droit au coeur (le vieux ètant mon sujet de prédilection ^^) - Citation :
- Mais là encore, tu refuses de conclure sur la noirceur avec une petite boutade douce-amère qui réchauffes le coeur.
Ca me fait bien trop mal à moi-même de finir tout en noir, pour moi, il faut un peu d'espoir ^^ - Citation :
- Le cheval de bois est incroyablement renaudien! Je l'aurais parfaitement vu l'écrire mot pour mot, en guise de petit poème en prose. Dis-moi, c'était conscient?
Ah ! Alors là ! Tu as mis le doigt dessus ! ^^ Tout du long de l'écriture, j'avais la voix de Renaud qui parlait dans ma tête (c'est d'ailleurs très étrange ^^), et le reste est parti tout seul, d'une traite ^^ - Citation :
- Dans le verre d'eau, j'ai vraiment adoré la phrase où tu compares le fait de fixer une tasse de café, une chope de bière et un verre d'eau. Elle sonne vraiment trop trop bien!
Mais c'est que je suis moi-même une grande fixeuse de verres et de tasses de toutes sortes ^^ - Citation :
- La chose pourrait être mal prise de la part du premier venu, mais en ce qui me concerne c'est un grand compliment: j'ai affiché ces petites gourmandises au tableau des toilettes...
Sache que ça me touche énormément, et que j'en suis toute flattée ^^ Les toilettes sont un endroit fabuleux, il y a des ondes de méditation incroyables ! *avouera avoir déjà installé un coussin sur la cuvette refermée, éteint la lumière et profiter longuement des ondes de méditation* Ainsi, tu comprends que je déborde de fierté que mes petits textes soient dans ce monument ^____________^ Merci beaucoup pour ta review, mon petit papa ^^ | |
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| Sujet: Re: Petits textes à thèmes durant l’épopée du Portugal | |
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