Bonhomme qui va…
Bonhomme qui va, austère,
Au milieu des landes, des bruyères,
Silhouette insolite,
Bloc de granit,
Papy foule la terre
Rapidement
Comme le temps.
Le temps qui, si vite, emporte
Les idées, les Hommes, les âmes les plus fortes.
Le temps qu’il lui reste
Pour poser un geste
Avant que tout n’sois plus
Que cause perdue,
Qu’aube disparue.
Il a son beau chapeau,
Il a son long manteau,
Son Méhara, le grand,
Le vif, le blanc.
Il a les yeux clairvoyants
Il est la force des anciens temps,
Comme un bel arbre blanc.
Il sait la futilité
Des armes, des vies,
La douceur et
La volonté des petits.
Bonhomme qui va, austère,
Au milieu des landes, des bruyères,
Silhouette insolite,
Bloc de granit,
Papy court la terre
Rapidement
Comme le vent.
Le vent qui, si vite, emporte
Son joli chapeau, son sceptre de branch’ morte,
Fait blanc son bâton,
Son capuchon,
Sa magie et son nom.
Papy est colère :
Tout va de travers,
L’Histoire, la gloire, l’espoir
Sont presque noirs.
Le vieil homme se demande
Si elle sera assez grande
L’amitié qu’il mande.
Et puis cette nuit, misère, il a rêvé
Qu’un beau jour le Bien l’emporterait.
Papy s’apaise…
Le P’tit sommeil…